Journal intime d'un pyrénéiste

Journal intime d'un pyrénéiste
"l'aventure est un engagement de l'être tout entier et sait aller chercher dans les profondeurs ce qui est resté de meilleur et d'humain en nous...." Walter Bonatti

mercredi 24 septembre 2014

semaine de boulot au Pic du Midi

Cette semaine je bosse dans le plus haut musée d'Europe, dans un des sites français les plus remarquables,le premier observatoire moderne d'altitude qui a permis notamment de faire des découvertes poussées sur la couronne solaire.

Un pic où je suis monté sans doute pas loin de 8 fois, et où des touristes viennent se faire déposer en téléphérique pour ce qui pour moi représente une fortune. Il se trouve que ce dit  téléphérique, qu'en général je déteste, pour des mecs comme moi qui bossent et qui font l'aller retour Tarbes/ La Mongie, tous les jours, et bien ces temps ci il m'aurait bien aidé. Sauf que je suis tombé la seule semaine où il est en réparation/ révision  depuis 15 ans et donc fermé. Conclusion, lundi, on est descendus sur le plan incliné puis en voiture.... Mardi matin rebelote avant que pour le retour on nous affrète spécialement la seule télécabine qui marche.

Ce matin, mercredi donc, pire, on a du monter avec la voiture du boulot. Au col de Sencours, excédés, avec un collègue on a préféré finir à pied, en bleu de travail et en chaussures de sécurité. Alors demain tant qu'à faire je me lève à 4h pour être à 6H30 au sommet et profiter du lever du soleil. Dire que certains payent pour ça!!!!



Vendredi 26, ma mission vient de finir, me voilà définitivement de retour sur le plancher des vaches, même si ici, les vaches ont elles aussi le pied montagnard.  Posé chez moi, je me remémore déjà les 5 jours passés, avec d'abord les galères , les nuages et le froid et puis , ensuite, avec regrets, la journée d'hier, avec le cœur un peu serré.


Hier donc on est montés , comme prévu au sommet voir le lever de soleil. En parlant de lever, le mien était matinal, juste le temps de me poser mercredi soir en rentrant avant le réveil à 4h direction LaMongie. Là à 5H30  comme convenu  je retrouve mon collègue pour monter  en  voiture puis à pied. Moi sans frontale juste éclairé par la sienne derrière mais je connais bien le coin, et le ciel, éclairé de myriades d'étoiles nous montre la voie; lactée.....

6h30 donc au sommet et pourtant on a du patienter, un peu, dans le froid avec les premières gelées .  6H40 les premières lueurs qui commencent à poindre, loin à l'Est et puis vers 7H les premiers rayons. Moi je m'incruste avec un groupe qui a passé la nuit là-haut et je profite du télescope braqué sur Jupiter et ses 4 satellites. Un moment quasi unique... Enfin c'est l’illumination peu à peu dans ce ciel sans nuage...

Vers 8h il fait jour, le temps pour nous d'attaquer la journée de travail  avant de la finir un peu plus tot vers 15H30.  Je me coucherai finalement vers minuit après une journée qui en tous points, du début à la fin, restera dans ma mémoire.

Aujourd’hui , cet après -midi encore plus, je repense à la chance inouïe que j'ai d'habiter ici au pied des montagnes et  de pouvoir travailler sans être dans le manque en vivant ma passion....

















Lever de soleil, jeudi 25

















jeudi 18 septembre 2014

dessins

les murs de ma chambre qui s'étoffent... ça me fait du bien de voir ça et ça encourage....



Pic Arrouy, 2708m

J'ai menti la dernière fois, en fait il me manquait un pic autour de Migouélou... un sommet secondaire qui ne m'avait pas plus interpellé que ça, que je connaissais de nom mais que je préférais garder pour un jour où je ne serai pas en forme. Pourtant  hier Olivier m'a titillé...

"mardi j'ai pris un but à l'Arrouy, y'a un ressaut que je n'ai pas réussi à franchir... j'ai fait des PD plus faciles que celle-là.... c'est expo avec du caillou péteux etc....etc...".

Photos à l'appui j'examine attentivement tout ça, appuyé par le Guide Ollivier qui cote la course en F donc à priori rien d'insurmontable. Sauf que  le Ollivier du guide il n'a pas du faire toutes les courses de son bouquin ou alors il a zappé celle là de sa mémoire avant d'écrire son manuel du parfait alpiniste. Car le dit ressaut il n'en avait pas parlé....

Je me lance donc à l'assaut de ce pic, de ce cap que dis-je de ce cap.... bon vous m'avez compris... de ce petit sommet avec l'idée d'en découdre et de trouver LA SOLUTION au problème Arrouy.

Bon j'attaque avec la crève et je sais que le meilleur moyen que ça passe c'est de m'en mettre une bonne sur la montée à Migouélou. Sans échauffement et en sabots j'attaque donc la montée.... D'abord à 10m/mn histoire de, puis à 12 avant de trouver mon rythme de croisière autour de 14m/mn vers le milieu de la montée. Des groupes très sympas me laissent passer avec le sourire et j'avance tjs sans craquer. Finalement je rejoint le barrage en 1h06  soit du 820m/h de moyenne après un départ poussif.

Petite pause et direction le col d'Hospitalet, sur un rythme plus tranquille de 9m/mn. Au col j'enchaine la crête. C'est cairné et ça passe soit sur un versant soit sur l'autre, au plus facile ( et parfois je m'amuse pleine crête qui est facile elle aussi) jusqu'au dit ressaut.
Là effectivement, seul et sans corde je bloque aussi. C'est raide avec une fissure à droite. J'essaye à gauche versant Pouey Laün mais c'est pareil. Finalement je descends de 5m versant Migouélou et traverse une dalle qui conduit à un couloir en terre assez raide par lequel on rejoint le fil de l'arête. Le plus dur est passé , le sommet tout proche se rejoint pleine crête puis sur la fin en passant versant Pouey Laün. Au sommet il est 11H50 j'ai mis 2h05 avec les pauses....

Petite pause avant la descente prudente. Au niveau du ressaut je traverse plus bas qu'à l'aller. Choix payant les prises de pied sont meilleures.... Puis au niveau d'un second ressaut plus facile au lieu de suivre les cairns qui filent versant Migouélou, je passe vers Pouey Laün. Là mes prises lachent et je me fais une petite frayeur. Carton jaune, avertissement sans frais, je repars doucement jusqu'au col puis au lac. Là je croise deux sexagénaires tarbais et finalement descends tranquille avec eux en taillant la bavette, jusqu'à la voiture que je retrouve à 14H30. Une bonne demi journée de montagne....