Journal intime d'un pyrénéiste

Journal intime d'un pyrénéiste
"l'aventure est un engagement de l'être tout entier et sait aller chercher dans les profondeurs ce qui est resté de meilleur et d'humain en nous...." Walter Bonatti

dimanche 28 août 2011

Taillon et Gabiétous avec Delphine

Très jolie sortie aujourd'hui, la deuxième du week-end , avant de reprendre le boulot. Ca fait un petit moment que je voulais les faire ces deux, j'avais pensé à la voie du glacier , mais elle n'était pas en condition quand j'étais dispo, puis à la boucle faite par Flo et Nieve, mais sans carte espagnole, je ne me le sentais pas trop. Finalement on a quand même fait une boucle, une très jolie boucle même.

Départ à 7h du col des Tentes direction le Port Boucharo. D'entrée Delphine semble bien motivé puisque le rythme est bon. Cheminement classique jusqu'au refuge puis la brèche que l'on atteint vers 8H40. Petite pause et on repart, toujours au même rythme. On arrivera au sommet du Taillon à 9H40, soit une ascension en 2H40 on a pas trainé. Pour Delphine c'est son premier 3000 et elle l'a fait, avec les félicitations du Jury. Bonne pause au sommet avant de repartir. Là on rencontre un sympathique groupe de quicas de l'ASPTT de Dax qui vont faire les Gabiétous, dans ma tête donc depuis un moment et que j'avais proposé à Delphine, on fait donc la course ensemble.

En me renseignant auprès de Nieve hier , je savais que ça passait par la crète, je la scrute donc. Finalement on descend jusqu'à un col à 3050m à la limite des rochers gris, col marqué par un cairn. Une sente file plein Ouest dans des éboulis pour rejoindre la crête entre le Taillon et le Gabiétous Oriental. C'est pas difficile mais le terrain est pourri. De la crête on file sur l'Oriental en évitant la crête à un moment donné en passant versant Sud. 11H sommet diu Gabiétou Oriental. Petite pause avant de repartir pour le Gabiétou occidental à 3034M. Il est atteint en 20mn par un cheminement pleine crête et versant Est quand on ne peut pas passer.

On repart ensuite pour viser une sente qui mène au Collado Blanco vers 2840m. Descente donc à flanc, et en redescendant légèrement pour aller chercher le sentier à la bas du Gabiétou oriental. De là le chemin longe le Taillon direction SSE jusqu'au col. Peu avant pause déjeuner et comme dans le groupe on est des bons vivants on à droit au chuchen à l'apéro, au rosé pendant le repas et au digestif ensuite. Pas forcément très motivant pour repartir.

13H30 on repart jusqu'au col à coté. Des cairns nous indiquent le chemin ào suivre. Ils partent en direction de deux petits lacs, vers 2740m , sous la brèche. Il suffit ensuite de remonter jusqu'à la brèche en 15mn. Dans la foulée en arrive au refuge , c'est là que, avec le groupe nos chemins se quittent. On retrouve la voiture ensuite par le même itinéraire vers 16H20 après 3 "3000" les trois premiers de Delphine et pour moi deux inédits...Une fort belle journée qui vient conclure un excellent week-end montagne!!!
















samedi 27 août 2011

Crête de la Pène Nègre avec Isabelle

Que c'est bon de ressortir. Depuis mon retour sur Tarbes après ma traversée il faut être franc je déprime un peu. J'ai l'impression de vivre ce que, quand j'avais fait l'IUFM nos chers Professeur, chargés d'apprendre à enseigner aux futurs Professeurs, appelaient la "clochardisation". Certains diront un "laisser-aller", d'autres un coup de déprime, moi j'ai juste passé 4 jours sans sortir, à essayer d'écrire ce qui n'est plus qu'un long souvenir.

Bref j'avais envie de sortir et quand Isabelle, grimpeuse avec qui j'étais déjà sorti l'année dernière, me propose cette arête je suis enchanté. Bon j'ai pas bien lu le topo, et j'ai zappé la longueur en 4sup-5 mentionnée sur C2C mais j'ai le moral malgré les 4h de sommeil à cause d'un nouveau trop bruyant.
RDV donc à 8h à LaMongie on est en avance tous les deux. 8h on attaque globalement en suivant le téléphérique la Carrière et un balisage jaune au sol. Premier col vers 2050m avant de contourner le Pain de Sucre. Malheureusement on repique trop vite à droite en quittant le balisage. Descente donc pour retrouver une seconde brèche. De là on longe versant Gréziolles pour arriver au cairn indiquant le début de la voie.

La première longueur consiste à remonter une cheminée heurbeuse en III. La sortie est un peu délicate mais Isa fait un bon relai au dessus. On rejoint alors la crête pour la deuxième longueur.
Descente ensuite vers une première brèche après un passage à flanc versant laMongie. Là belle longueur pas très soutenue qui permet à nouveau de rejoindre une crête. C'est aérien sans être difficile , bref c'est que du plaisir.

Descente ensuite vers la brèche de Gréziolles. Il y a des cordelettes pour tirer un rappel, nous passerons en désescalade.
Encore une belle longueur ensuite qui commence par le passage "sous le tunnel" où il faut se baisser avant de se redresser versant Gréziolles avec un caillou pas toujours très bon. Traversée sur la crête, avec un bloc à franchir, pour lequel il faut mieux avoir de grandes jambes, pour rejoindre un brèche, la brèche des lacs. Là la longueur clé cotée 4sup-5. C'est une faille dans laquelle il faut se glisser. Isa, s'y glisse entièrement dedans, je préfère la prendre à califourchon mais attention de ne pas avoir le vertige!!!! Rétablissement un peu expo ensuite, il faut poser ses pieds sur l'extrémité de l'écaille qui constitue la faille et là aussi c'est sympa!!!!!
Traversée ensuite de droite gauche, sur le topo C2C ils indiquent "une grande enjambée" mais des prises de pied intermédiaires permettent d'éviter un trop grand pas. Il faut ensuite continuer sur la gauche pour se retrouver versant Gréziolles et finir la longueur par des pas plus faciles avant de reprendre peid sur la crête. La longueur est sublime et à ma grande surprise je la sors sans problème, en étant assez fluide et sans m'arrêter. Je suis FIER après un mois sans avoir touché un caillou!!

Longueur ensuite sur la crête avant d'arriver au rappel. En fait il y a deux séries de cordellettes. Première désescalade avant la pause repas. Là les nuages bouchent le reste de la crête. On mange avant de décide de s'échapper. Il est 14H30. Un rappel avant de finir en désescalade malgré une sangle . Il est important de noter que pour cette "réchappe" il ne faut pas partir versant LaMongie mais versant Gréziolles. On prend, vers 2300m à flanc pour retrouver la brèche et le sentier balisé. vers 16H on est à la voiture après une EXCELLENTE journée. La grimpe était belle, suffisament soutenue pour que je me fasse plaisir, et assez à ma portée pour que je ne me fasse jamais peur. L'ambaince quant à elle fut très bonne aussi. J'ai découvert une Nieve ouverte, sensible et gentille. Bref à priori pas encore notre dernière sortie ensemble...

A bientot!!















vendredi 26 août 2011

Traversée J29

TRAVERSEE J29 LE 20 AOUT
LA RHUNE- HENDAYE PLAGE
http://www.youtube.com/watch?v=X_xdyKnEDxE
D+: 500M
D-: 1400M

Météo: beau mais chaud l'après-midi
Temps de marche: 5H


Intro:

Ça y est l'Océan est là, devant nous, à nos pieds, on pourrait le toucher et on va s'y baigner. Respecter la tradition, celle du bain de pieds en grosses et bien équipés, sac à dos et bâtons comme pendant la Traversée. On se l'était juré, de reverser ce sable pris à Banyuls sur la plage d'Hendaye, ces grains que parfois je touchais et qui me faisaient avancer.La famille est là, les amis aussi, ceux qui y ont crus, parfois plus que nous et qui nous ont soutenus.

Plus moyen d'y échapper, même si on a essayé: quelques sommets improvisés, pour faire durer le plaisir, des étapes raccourcies, mais ça n'a pas suffit. Aujourd'hui au milieu de cette fête , l'émotion est intérieure, derniers regards à Benoit, de ceux qui en disent bien plus que des mots, une acolade, un sourire de façade et puis plus rien.

On aimerait se dire qu'on repartira un jour, que rien n'est fini et qu'il reste encore, d'autres rêves et d'autres défis. On aimerait croire qu'après cette aventure on regardera le monde de façon différente mais pourquoi se mentir, aujourd'hui tout redevient comme avant et plus question de fuir.

L'AVENTURE prend fin, reste les souvenirs.... et un immense VIDE....

Résumé:

J'écris ce soir, enfin ce matin du 21 car il est minuit passé, ce qui est le dernier résumé de cette aventure. Le point final donc sur ' semaines de marche, sur 28 bivouacs, une quizaine de sommets, 800kms et 43'600m de dénivelées avalés. La fin de plus de 250h de marche, quelques centimètres de taille de perdues, de quelques dizaines de litres de sueur versées , sur une centaine de barres énergétiques et quatre ou cinq kilos de pâtes à la carbonara espagnoles lyophilisées espagnoles ingurgitées. La fin de l'aventure d'une vie, qui laisse vide et sans repère, de celle dont on a rêvé mais dont le résultat va bien au delà de tout, du premier pas dans la mer à Banyuls, aux dernières gouttes de champagne bues sur cette plage , où sous les ovations des touristes, nous fûmes accueillis comme des rois par la famille et les amis de Benoit.

J'hésitais encore hier entre la joie et la tristesse, ce soir je suis abattu. Retour donc sur cette 28ème et dernière étape.

Départ vers 8H45 du sommet de La Rhune avec Jean et Francis, le père et le beau père de Benoit. L'ambiance est bonne mais je suis déjà dans mon monde. Descente sur une piste puis vers 400m sur un chemin jusqu'à un col. Là il faut remonter une piste qui rejoint une route secondaire. De cette route on prend alors, après pas mal d'hésitations, à gauche. Elle rejoint la départementale qui monte au col d'Ibardin coté 347M et non 317M comme sur la carte. Là nos chemins , avec Jean et Francis, se séparent. Eux partent vers la Venta d'Insola, nous on file vers l'Océan.

Montée assez raide sur une route aux Ventas d'Ibardin. Là un panneau indique « Hendaya 3H50 », on est sur le GR10 c'est gagné!!!!! Le sentier chemine en montant sur des vallons autour de 500M avec même un pic à 570M. Il redescend ensuite pour passer sous l'autoroute et arrive à Biriatou. Peu après on croise un basque très sympa avec qui on discute un bon quart d'heure. Celui-ci nous indique un excellent resto non loin de là et c'est finalement un ami à lui qui nous y conduira en voiture.

Pause déjeuner de 13H30 à 14H30 avant de reprendre le GR sous une chaleur étouffante. Derniers hectomètres à la montagne avant d'arriver à Hendaye. Là contrairement aux plans de la HRP et du GR qui nous font arriver directement à la plage en passant devant l'ancien casino le balisage passe d'abord par une baie pus le port qu'il longe avant de rejoindre la plage. On touche au but reste à trouver le casino pour retrouver la famille.

15H30 arrivée au casino. Là, sur la plage, les pieds dans l'eau, la famille, mais aussi quelques amis de Benoit, déploient une banderole avec écrit «  BRAVO BENOIT ET LAURENT ». L'émotion est à son apogée. En les rejoignant, en grosse et avec les sacs à dos, certains touristes qui comprennent ce qu'on a fait, nous applaudissent aussi. On est finalement accueillis par des HOURRAS, avec des tee-shirts à nos effigies... comment rêver d'un plus beau final!!!! Reste encore la cérémonie des grains de sable, ceux que j'avais ramassés sur la plage de Banyuls 28j plus tôt et que je transportais depuis dans ma poche. On les lâche symboliquement sur la plage d'Hendaye, ça y est la boucle est bouclée...

Petit bain de mer avant d'aller boire une coupe de champagne sur la plage. C'est déjà l'heure des adieux avec la famille, nous nous resterons encore un peu profiter du soleil et de l'océan avant de rentrer.

Durant ces trois derniers jours et malgré la liesse et la bonne humeur, j'aurais gardé une pensé triste et profonde pour maman, très malade, et papa qui ne purent être là. Et je sais que si l'on s'est battus pour en arriver là parfois les dés sont pipés et certains combats sont perdus d'avance...

La fin donc du rêve pour moi et ce vide profond, retrouver ce quotidien que l'on a fuit pendant ces 28jours et qui a présent me fait peur.

Mais au delà de tout, de tous ces moments extraordinaires vécus, un seul mot MERCI BENOIT pour tout, tout ce que je n'aurais jamais vécu seul.


















Traversée J28

TRAVERSEE J28 LE 19 AOUT
ATXUELA- LA RHUNE

D+: 1105M
D-: 1005M

Météo: Beau temps
Temps de marche: 5H


Intro:
Ça y est l'aventure touche à sa fin, dernier sommet aujourd'hui avant la descente demain. Beaucoup de fierté en arrivant à La Rhune, celle de l'avoir fait, de s'être accroché à ce rêve, d'y avoir cru et de l'avoir réalisé, malgré les difficultés.

« On reconnaît parait-il le bonheur au bruit qu'il fait quand il s'en va » écrivait Renaud dans une de ses chansons et depuis hier je le sens peu à peu s'envoler. J'ai vécu des moments difficiles entre le mauvais temps, les étapes marathons, les maux de ventre et les douleurs au pied, et j'ai dû m'accrocher, mais jamais je n'ai voulu rentrer. Mon bonheur était là-haut, entre les blocs et les laquets, quelque part bien caché entre sommets et vallées. La douleur n'était rien comparée à la violence du monde réel, à la course à la productivité, à la solitude et à la maladie.

Ce soir au milieu de cette foule bavarde et bruyante, amenée par un train pour voir l'Océan qui était à leur pieds, le recueillement et le deuil de 4 semaines de plénitude . Les larmes si elles avaient pu couler, je le savais, là sur cette terrasse j'étais heureux, mais ça n'allait pas durer...

Étape:

Petite étape aujourd'hui et tant mieux... il nous fallait un gros orage avant la fin de la traversée, c'est chose faite. La nuit dernière c'est un déluge qui s'est abattu sur la tente un véritable spectacle de son et lumière, mais heureusement même si elle a un peu pris l'eau, elle a bien tenu. Ce matin donc on renoue avec la tradition orientale du début de la traversée: on remet nos affaires mouillées. Mais à ce stade, avec comme dernier phare La Rhune à gravir, RIEN ne pourrait entamer notre motivation, qui nous pousse vers l'avant, vers l'Océan, vers l'Ouest, si ce n'est peut-être l'envie de profiter encore de ces derniers moments de solitude montagnarde et de bonheur absolu que l'on est venu chercher ces 4 semaines.

Départ donc dans le brouillard vers 8h le ventre vide, direction les entier laissé en contrebas et le GR. Première bifurcation au bout de 30mn le col de Lizarieta est indiqué en 3H et suit l'itinéraire d'un parcours archéologique avec dolmens, tumulus, cromelechs, et menhirs. On n'est pas en Bretagne mais ça y ressemble, et même au niveau du temps!!! Pause déjeuner vers 9H et on repart.

Vers 10H30 un panneau mais le col n'est plus indiqué. Il faut suivre le GR direction Véra. Deuxième panneau en suivant Véra avant que le col ne soit de nouveau indiqué. On y arrive vers 11H30 et on décide d'y manger des bocadillos. Grosse déception quand on verra le restaurant au col de Lizuniaga. Départ vers 12H30 pour le col de Lizuniaga. Au bout de 25 mn il faut prendre une piste qui arrive de la droite puis la remonter un peu. Enfin un sentier sur la gauche nous amène directement au col et à la Venta. Celle-ci sert des repas chauds... tant pis pour nos sandwichs de Lizarieta...

Petite pause avant d'attaquer La Rhune qui s'élève devant nous. On suit un balisage avec des traits jaunes qui après un court échauffement grimpe fort d'entrée. Finalement après une pause vers 600m on arrivera au sommet vers 15H. Plus loin le pic avec des centaines de personnes. Le choc est trop violent. On grimpe à un avant sommet pour les photos et pour faire sécher les affaires. Le temps de profiter du soleil qui tape avant de faire un saut à notre dernier pic.

Vers 17H on mange car les restos ici ne servent pas le soir puis vers 18H on décide d'aller boire un pot pour fêter notre quasi réussite. Là benoit reconnaît plusieurs visages familiers. En effet, sa copine , ses parents et beaux parents sont montés par le dernier train pour venir passer cette ultime soirée avec nous. Une bonne soirée s'annonce placée sous le signe de la bonne humeur avec un véritable festin et un coucher de soleil sur l'océan. Un bon moment de plus dans cette traversée.

Citation du jour
«  on vend des maisons dans les Ventas? « LP
« Non »BJ
« Y'a pas des Ventas domicile? » LP (désolé c'est la fin de la traversée!!!)