Journal intime d'un pyrénéiste

Journal intime d'un pyrénéiste
"l'aventure est un engagement de l'être tout entier et sait aller chercher dans les profondeurs ce qui est resté de meilleur et d'humain en nous...." Walter Bonatti

samedi 25 juin 2022

Pic de Léviste, Soum Arrouy, Mail de la Sède et Lascours avec JM

 Encore une belle sortie avec Jean-Michel dans un secteur que je connais plutôt bien pour y avoir déjà  enchaîné l ensemble  des sommets à  la journée,  celui du lac d Isaby, classique pyrénéenne s il en est.

Malgré  une nuit courte je retrouve mon partenaire avec enthousiasme et on commence la marche vers 7h30 du parking de la Moulata, à 1660m.

La montée  au pic de Léviste  est une classique  même  s il m a fallu 6 essais pour y arriver, et malgré  un névé vers 2300m on atteint sans difficulté  le sommet vers 10h.

Retour au col vers 2300m puis descente versant Luz dans des éboulis pour aller chercher une vire qui part sur la gauche.  Une fois cette dernière passée on remonte relativement facilement les 200m nous séparant du Soum Arrouy à  2488m.

Descente par le couloir puis direction  l Est vers le Lascours. Petite pause déjeuner vers 2250 m avant de reprendre la marche.

On vise cette fois-ci le point culminant du secteur,  le Mail de la Sède, ou comme l appelent les locaux, la Yègue. Une vire passe sous un névé et rejoint une crête vers 2350m rendue délicate par un vent fort. Malgré tout on atteint rapidement le Mail avant de descendre par le même itinéraire. 

Là  Jean-michel,  très  en forme, me dit qu il veut enchaîner le dernier sommet, le Lascours.  22mn après on foule notre 4ème cime du jour, presque rassasié. 

Pour le retour on optera pour la boucle par le lac de Bassias où  je ne suis jamais passé. 

Au final après 9h de marche, 20kms et 1700m de dénivelés on retrouve la voiture. Mais que la journée fût belle 





lundi 20 juin 2022

Crabounouse et Bugarret par le col de Pierrefite avec Gil

 3ème sortie en 8 jours et avec un troisième partenaire différent...

La semaine fût  caniculaire et pour qui travaille dans les travaux routiers , exténuante aussi.

Mais malgré les 5 jours de boulot la forme est encore là  et l envie de sortir aussi, se rafraîchir là haut.

Aussi quand Gil , célèbre traileur  triplement couronné aux Templiers, me propose de sortir je lui glisse l idée  de cette ballade déjà  faite il y a 9 ans et qui permet , sans taper dans du technique,  de monter assez rapidement à  3000m .

Départ à  8h20 de 1530m dans le vallon de l Yse, peu avant le pont à  1576m.

Je connais Gil ça  va partir vite. Sentier facile jusqu'au col de Pierrefite  à  2466m à  peine coupé par un névé. 

Descente ensuite de 250m sur le lac du Rabiet puis remontée à  celui de la Couya det Mail.  Là  on le contourne par la droite et très  vite on remarque des cairns. Malheureusement ils s evanouissent  vers 2400m. On décide donc de traverser vers l Est en direction d une série  de laquets sous le Tourat. On retrouve des cairns qui filent vers le sud-ouest en direction de la crête.  On s élève doucement jusqu'à un col à  2951m. Le Crabounouse à  3021m n est plus qu à  quelques mètres.  Petite pause sous un vent à  décorner les bœufs qui aura eu raison de ma saharienne. 

Un détour par le Bugarret à 3031m où l on mangera protégé du vent et l on repart. 

Au retour , au niveau des laquets on filera tout droit sur la Couya det Mail,  option qui nous obligera ensuite à  remonter. 

Du Rabiet il faudra enfin avaler les 250 derniers mètres pour atteindre une seconde fois le col. En trottinnant on retrouvera assez vite la voiture après  2100m de dénivelés et 26kms.

7h40  pauses comprises quand il y a 10 ans j avais mis 12h ... les années passent,  mais heureusement la forme est encore là 




























mercredi 15 juin 2022

Bizourtère en boucle avec Domi

 Deuxième rando en 2 j dimanche mais cette fois avec Domi, mon pote de 20 ans que j ai rencontré à  la fac et qui , un jour , en Maitrise  en Sciences de l Environnement m a proposé  l idée  saugrenue de rentrer à  l IUFM. L année  suivante en 2003 nous decrochions tous les deux le concours de Professeur des écoles,  lui restant sur Toulouse, moi partant sur Tarbes où j allais découvrir la montagne et ne plus la quitter ce qui ne sera pas le cas de l Éducation Nationale. 

Il y a 22 ans aussi il rencontrait sa femme mais l amour durant moins que l amitié cette dernière à  fini par s éloigner laissant mon ami dans le plus grand dépit. 

Alors puisque la montagne soigne de tout et que marcher est la meilleure thérapie,  on a été faire cette boucle de 15 kms que je connais sur le bout des orteils.

Lac Bleu  en 1h22, col de Bareille et Bizourtère au-dessus.  Retour par Ourec en 4h30 la tête vidée  au moins momentanément ...

















dimanche 12 juin 2022

Contadé et 4 Thermes avec Jean-michel

 Les partenaires changent, les vallées et les sommets aussi mais il est un plaisir dont je me délecte toujours autant, celui de retrouver Jean-Michel en montagne lui qui fût,  il y a plus de 12 ans , le premier à  me prendre sur sa corde pour m amener sur des arêtes  et de faces.


Jean-michel Letor, je vais donc te le présenter à  toi que je ne connais pas,  mon lecteur, mon ami,  toi qui lit ceci comme peut-être d autres messages avant.

Il pourrait incarner à lui seul l image du pyrénéiste anonyme. 67 ans , rude, discret , sensible, humble, peu bavard mais dont on sait que chaque mot  doit être écouté avec la plus méticuleuse oreille car il donne accès à une bibliothèque de savoirs et d expériences cumulés depuis des décennies.  

Originaire de Pau il commence à grimper jeune, et s intalle vers 18 ans dans la vallée  d Aure animant à  Aulon des camps de jeunes en difficulté,  originaire de Nantes,  qu il accompagne en montagne . Il fera son apprentissage d alpiniste en parcourant la vallée,  ouvrant des voies d escalade dans les secteurs de Pène Haute ou de Suberpène, grimpant au Cap d Aou,  et écumant parfois en solo, les crêtes les plus effilées du Néouvielle. 

Quand beaucoup se vantent de leurs exploits, JM me glissera à  demi mot, presque gêné , avoir réalisé l enchaînement de tous les 3000 du Néouvielle à la journée,  ou claqué " Ferbos-3 Conseillers" en 2 h sans corde chose impossible aujourd'hui.  Au fil de nos nombreuses sorties ensemble un lien s est créé, solide, et qui ne se rompra jamais. Et si l on a pu s éloigner de temps en temps,  pris par les aléas de la vie, l envie de se retrouver comme hier nous a toujours permis de rester en contact 

En 80, au Montaigu, lors d une ascension de la Face Est en hiver un de ses amis glissera. Il en restera profondément marqué et sans doute meurtri. Encore une chose qui nous lie car j ai moi aussi perdu  mon meilleur ami en montagne. 

C était en 2016 , à  l Aneto sur Salenque- Tempêtes. Lionel était mon confident,  mon ami, mon partenaire de cordée et à  chaque fois que j en parle ou que j y pense la colère monte malgré le temps qui passe. Comment le CAF a-t-il pu organiser une telle sortie, sur 3j , avec  des gens inexpérimentés, sur une arête aussi longue et dont la difficulté dépasse le D? Comment des encadrants,  soit disant formés et qui prônent la sécurité ont-ils pu se permettre,  par ego , de conduire 10 personnes dans du terrain d av, en passant 2 nuits là haut, sans penser au danger d une telle entreprise et sans en mesurer les possibles conséquences? 

L erreur est humaine certes, mais la faute non et ici un ami l a payée de sa vie.

Jean-michel qui connaissait les capacités de grimpeur de Lionel et qui l avait rencontré à  la Pène det Pourri, me disait qu il avait, lui, sorti l arête en 7h30 alors pourquoi  prendre 3j quand il l aurait faite à  la journée ? Pourquoi, pourquoi,  pourquoi ?...

J ai  changé ma pratique de la montagne mais les arêtes effilées que je fuis du regard me rappellent mon ami et les heures passées là-haut à  rigoler, à étudier,  à  observer, à angoisser parfois ou à s interroger. 

Hier encore au départ de La Mongie, la Pène Nègre et sa variante Garcia, du 5 à  l ancienne, et puis les 4 Thermes et la Sabathé. Ma montagne ne sera plus jamais la même sans lui,  tant pis mais merde ça fait chier quand même....


Alors hier avec Jean-michel,  on a été  marcher sans aucune prétention sur un terrain facile. On a aussi beaucoup parlé,  de montagne,  d alpinisme,  de Lionel, de voies, d escalade.  On a regardé les couloirs, observé les lignes de faiblesse  dans les faces,  imaginé des tracés.  Bref on a fait de la montagne,  et on s est sentis plus vivants que jamais heureux d être là et de pouvoir partager ces moments. 

Contadé et puis 4 Thermes, 950m de dénivelés 4h.  La vie continue, et il faut avancer même quand on trébuche...