Journal intime d'un pyrénéiste

Journal intime d'un pyrénéiste
"l'aventure est un engagement de l'être tout entier et sait aller chercher dans les profondeurs ce qui est resté de meilleur et d'humain en nous...." Walter Bonatti

dimanche 30 août 2020

GR54 J3

 Vallouise / refuge de Vallonpierre

47kms, 2830m de dénivelés 


Ce matin le froid est encore de la partie, ce froid qui fige le corps et engourdi l esprit. Pourtant malgré les températures et l étape plus que marathon de la veille je dois repartir pour en faire autant. Hier soir j ai comme à mon habitude, regardé la carte pour voir à vue de nez, ce qui était faisable. La réalité c est que je n ai aucune certitude sur les distances ni les dénivelés à parcourir. Je sais juste que ce soir soit je dors près du refuge du Pré de la Chaumette, avec une étape courte qui me ferait perdre ma demie journée d avance, soit à celui de Vallonpierre qui confirmerait ma forme et me ferait grandement avancer. Je sais aussi et surtout qu avec 100kms parcourus en 2j et les plus hauts cols franchis, je me laisserais 2 derniers jours plus tranquilles.


Je commence donc la descente sur Vallouise dans l incertitude. Au village après 12kms je me ravitaille, trop d ailleurs, et chez Jackie Sport, m achète quelques vêtements chauds pour la nuit . À ces 12kms interminables s ajoute un long cheminement au bord d un ruisseau , puis le GR suit littéralement la route pendant 4kms. Là j hésite à faire du stop. Dans un contexte de record ou de perf la question ne se serait pas posée mais là je le fais pour moi et gagner 45mns me permettrait de m économiser un peu. 

À peine le pouce sorti que la première voiture s arrête. Et coïncidence ce sont des pyrénéistes d Oloron venus faire de l alpi dans les Écrins . 

Ils me déposent au terminus de la route où je continue à pied.


L objectif maintenant, alors qu il est 11h passé, est d atteindre le col de l Aup Martin à 2761m, point culminant de ce tour des Écrins. La montée est douce mais je sens de suite que je ne suis pas dans un bon jour. Peu à peu la pente se redresse et les pelouses laissent place à un schiste érodé et délité parfois glissant. Alors que la fatigue s accentue une erreur de parcours m entraine sur une pente raide et expo dont je sors encore amoindri. Enfin le col qui semble de loin infranchissable finit par m achever. Je n ai pas déjeuné ce matin et n ai rien avalé de solide depuis la veille au soir et des pâtes. Impossible alors d imaginer la suite.

Pourtant un col en appelant un autre j arrive vite au Pas de la Cavale, et attaque la descente vers le Pré de la Chaumette. Je trottine et semble avoir retrouvé de l énergie , motivé à l idée de manger un peu au refuge et de me boire 2 Cocas. Sauf qu ils n'ont que du jus de pommes, quelle déception...


Là , alors qu il est déjà 15h30 je discute avec une femme qui descend de Vallonpierre et lui parle de mon projet de continuer. Elle est partie à 9h le matin, arrive juste et juge impossible l enchaînement. Sauf qu en étudiant la carte, malgré les 3 cols à franchir, je sais qu il reste tout au plus 1200m de dénivelés à faire et qu en ayant ravitaillé je suis aussi libre de m arrêter où je veux.


Je me lance donc d un bon pas vers la col de La Valette. Le rythme est régulier, sans fatigue et j avale presque facilement les 900m. Le décor est minéral et convient à merveille aux chamois que je croise. Malgré les 2 cols à suivre il ne reste plus que 350m à faire avant 400m de descente. 

À 19h30 je suis au refuge de Vallonpierre serein concernant la suite. Le coucher de soleil entre les montagnes confirmera le fait que continuer fût la bonne décision 












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