Journal intime d'un pyrénéiste

Journal intime d'un pyrénéiste
"l'aventure est un engagement de l'être tout entier et sait aller chercher dans les profondeurs ce qui est resté de meilleur et d'humain en nous...." Walter Bonatti

dimanche 25 août 2013

jeudi 22 août 2013

arête Est du Maupas avec Lionel

Encore une superbe course dont on se souviendra très longtemps....
Celle-là je n'en n'avais pas rêvée, et pour cause je ne la connaissais pas. Mais bon tel un doryphore se collant sur la première patate venue ou la puce sur le dos d'un toutou pas toujours consentant, je suis un opportuniste de la montagne, voire parfois un parasite, qui sait flairer les bons coups et se greffe sur toutes les bonnes courses en vue, surtout quand c'est Lionel ou Jean-Michel qui me les proposent!!!
Et justement si moi je ne la connaissais pas, Lionel lui l'avait repérée depuis un petit moment!!!

Alors voilà, reportée ce we à cause du temps moyen ( on n'a pas tout perdu en allant au Mascùn!!) là chance ils annoncent 3 jours de beau temps. Lionel donc, après une journée de repos, me rebippe...
"Eh Laurent il fait beau mardi et mercredi ça te tente une petite arête facile  en AD-". Et moi qui ne sais pas dire non d'embrayer: " bien sûr Lionel"
Effectivement après lecture du topo petite course de crête en AD-, 3b obligatoire, arrogant comme toujours je sors même à Céline qu'à midi on sera au sommet car connaissant mon guide on va tout faire en corde tendue. Après tout AD- c'est l'arête du Petit Vignemale donc aucune crainte... sauf que là....

Mardi on attaque à 15h de la vallée du Lys chargés comme des mules car on bivouac au refuge du Maupas. Conclusion entre le couchage, la bouffe et le matos d'escalade on a facilement 15kgs sur le dos. Et mine de rien 15kgs ça use...Malgré ça on arrive au refuge du Maupas à 18H15 sous un franc soleil. Le temps d'installer le bivouac manger un bout et au lit à 20h30, comme toujours confiant pour le lendemain!!!

Mercredi 21 Aout
Lever à 6H30 après une bonne nuit on plie les affaires et on planque le couchage avant de décoller vers 7H15. Comme toujours Lionel imprime un bon rythme et après être passé à la Tusse de Prat Long on commence à appercevoir le pic de Boum. Là il me propose d'y monter. Mais une escalade sur un rocher pourri et deux rappel tout ça pour un 3000 secondaire ça me tente moyen. Et pour une fois j'aurai le dernier mot. Pas de Boum donc. Vers 2800m au pied du glacier du Maupas où la neige commence à bien se distinguer, on s'encorde. On rejoint le pied de la cheminée pour tirer deux longueurs , dont une première en glace et sortir au col de Boum. Là l'aventure peut enfin commencer!!!!

Décramponnage et à l'attaque. Je ne me souviens pas exactement de toutes les longueurs ensuite, je crois que mon cerveau était trop concentré a essayer d'oublier le vide, mes doigts trop crispés sur fines prises pour prendre des photos et si la communication avec Lionel était moins vive que d'habitude c'est que ma bouche était asséchée par la peur de tomber. Et pourtant j'étais en second. Sur une bonne douzaine de longueurs on restera sur le fil de l'arête, passant parfois à califourchon, pour ma part de façon peu orthodoxe. Quelques passages aussi versant Nord ou Sud, bien expo, le tout sans trouver de points si ça n'est trois sangles et un piton. Même Lionel HALLUCINE. Et ils osent coter AD- comme la 3 Conseillers, alors que la Maubic est elle cotée AD+... du foutage de gueule.
Moi à la moitié de l'arête je commence déjà à en avoir marre et pourtant je ne fais rien en tête.
Aux 2/3 de la course on contourne une aiguille versant Nord. Il s'en suit une remontée dans du 4+ à l'ancienne, que Lionel ne peut faire avec le sac. La fin , jusqu'à l'avant sommet et le sommet, est moins dure mais arrivés à 13h40 je peux enfin souffler. Que ce fut dur et intense... plus que les 3300m de D+ de l'Aneto mais bon celle-là elle va rester!!!

Retour à 14H15 pour rejoindre la voiture à 18H15 et rentrer ensuite sur Tarbes après une grosse, grosse course!!!!!



















mardi 20 août 2013

Canyon du Mascùn

Superbe sortie canyoning ce we avec Lionel et Eric un ami à lui.
Petite nuit samedi soir au camping El Puente de Rodellar avec l'intention le lendemain d'enchainer le Mascùn supérieur et inférieur.

Lever à 6h dimanche, il faut plus de 2H30 d'approche, dans un cadre sublime, pour atteindre le départ du canyon. Ce dernier commence par un saut d'environ 5m puis un second petit avant un rappel de 20m. Au fil des rappels et des sauts un paysage superbe se dessine atteignant son apogée quand on passe quasiment sous terre. On sort du Mascùn supérieur à midi après 2H30 dans l'eau. Il s'en suit un chaos de blocs où il faut trouver son chemin. Là on perd Lionel qu'on ne retrouvera finalement qu'à 14H15 au camping.
Au final une sublime journée comme je les aime

















samedi 10 août 2013

Aneto en A/R à la journée depuis l'Hospice de France

Alors celle-là elle va rester longtemps dans ma mémoire... Le genre de défi un peu  con , pour Céline, purement masculin, mais aussi et surtout une course qui s'inscrit dans l'Histoire avec un grand H, du temps des Russel et des premiers pyrénéistes. Une époque perdue où les routes de montagne n'existaient pas et où les sommets se méritaient. Un temps révolu, à l'heure où les navettes déversent des flots de touristes au pied des refuges, et où les sentiers se voient envahis par une faune  exotique parfois peu respectueuse et quasiment pas préparée, venue tenter un sommet comme on se balade en forêt. Mais la montagne ça n'est pas la plage...

Une gageure qui me trottait dans la tête depuis quelques années, après que Jean-Michel m'aie raconté ses courses à l'Aneto. Le défi était grand et de plus en plus en le préparant car de 2500m de D+ de prévu au départ, il s'avère vite que ce dernier atteignait en réalité 3300m... A faire peur!!!
Peu de gens pour m'accompagner, Juls fut le premier et le seul...

Départ donc jeudi pour l'Hospice de France. Arrivés assez tot sur place on installe le bivouac dans la forêt avant de manger à l" hotel /refuge".
Là comme à mon habitude je parle ( un peu trop fort) du projet du lendemain sous les yeux sceptiques de la gérante. "Les derniers qui l'ont fait c'était il y a 3 ans et ils sont rentrés MORTS!!!" qu'elle nous sort comme pour nous persuader de renoncer!!!
Et alors j'aime les défis et puis elle ne me connait pas. J'en rajoute donc une couche pour insister, sur nos temps de passage prévisionnels au port de Vénasque, à la rRencluse, au sommet... temps précisément étudiés en fonction de nos capacités. Mais bon on n'est à l'abri de rien sait-on jamais...


Vendredi 9/8

Couchés vers 21h on se réveille à 3h du matin comme prévu. Déjeuner sommaire et on attaque à 3H30 PRÉCISES comme prévu; Julien est monté au refuge l'année dernière en 1H10 un petit défi de plus. Sous un ciel éclairé de mille étoiles on  part donc bon pied bon œil sans trop de fatigue. Montée rapide en 1H15 au refuge de Vénasque puis en 1H50 au Port après une petite pause. C'est 10mn de gagnées sur mes prévisions et on est encore très frais. Descente vers la Bisourta sous un ciel qui commence à s'illuminer. Là on se perd mais en regardant la carte je remarque qu'on peut couper tout droit et retrouver le sentier ce que l'on fait. Après avoir perdu du temps on retrouve la route et on monte pied au plancher vers la Rencluse. Là on fait exploser les temps, 20mn du parking au refuge que l'on retrouve à 6H50, on a envoyé!!!!

Petite pause avant de continuer. Pour le sentier , facile on suit les chenilles d'espagnols et les points rouges qui nous entrainent trop à gauche pour se retrouver vers le Portillon inférieur. Là j'enrage, trois fois que je monte à l'Aneto et trois fois que je rate le Portillon supérieur. Sauf que là on n'a pas le droit de perdre du temps et encore moins des forces. Comme un bleu je me suis laissé embarqué sur le mauvais itinéraire... Finalement par la crête on rejoint ce dernier col vers 9h , le temps que je me calme un peu...

Descente avant de prendre pied sur le glacier et de cramponner. Passage en neige puis sur des blocs. Là Juls s'arrête net. Il n'avance plus. Après 2500m de D+ il a un gros coup de pompe. Moi je m'imagine déjà finir le sommet seul, sauf que dans tous les cas il restera 600m à remonter... Après une pause il repartira . On remonte en suivant la queue , en doublant parfois et vers 10H45 on est au Pas du Mahomet. Là une foule comme jamais. Au moins 30 personnes à attendre, des cordées partout, des gens qui se croisent sur le Pas, d'autres qui attendent sur la crête. Après 15mn je demande à Juls s'il veut vraiment faire le sommet, moi je l'ai déjà fait 2 fois alors.... Finalement on s'engage après 25 mn d'attente pour un pas de 30m...

Au sommet on exulte on a déjà fait 2700m de dénivelée et la forme est encore là. Exceptionnelle course déjà effectuée!!! Après quelques photos on attaque la descente. Idem qu' à la montée il faut encore attendre.... On s'en sort encore mais le retour, on le sait, va être très long.

12H50 on est au Portillon puis descente vers la Rencluse. Vers 2600m  Juls a encore un énorme coup de pompe. Il semble crevé, presque KO. J'en suis à réfléchir à comment je vais retourner à l'Hospice, prendre la voiture et revenir à Bénasque le chercher. Je lui fais boire un des gels que j'ai et après 10mn de récup on repart. Encore une fois il semble avoir bien récupéré et on atteint la Rencluse vers 14H15. Grosse pause Coca/ Aquarius avant de repartir. Pour le retour on décide de faire une boucle et passer par la Port de Picade. 15H15 on commence la dernière montée de la journée. J'imprime un rythme régulier autour de 9-10m/mn. Julien prend mes pas et sans difficulté on arrive au Port de Picade en un peu plus  d'une heure. Avant à 2235m on a officiellement dépassé les 3000m de dénivelée positifs!!!!!! Au port on peut enfin souffler, plus de montée!!! Grosse pause avant la descente. Port de l'Escalette puis les étangs de la Frêche. Une descente longue que l'on finit pourtant en trottinant à 18H15 histoire de chambrer gentiment la gérante de l'Hospice qui HALLUCINE en nous voyant rentrer si tôt et aussi frais....

Au final 35 kms, 3280m de dénivelée positif ET négatifs, l'équivalent de 11 fois la Tour Eiffel à monter et descendre, et presque 15h de voiture à voiture. Une bavante à l'ancienne....


Avant de rentrer on mangera une seconde fois à l' hotel pour décoller vers 21h30 et être le soir à la maison....

WHAT ELSE?!!!!!