Journal intime d'un pyrénéiste

Journal intime d'un pyrénéiste
"l'aventure est un engagement de l'être tout entier et sait aller chercher dans les profondeurs ce qui est resté de meilleur et d'humain en nous...." Walter Bonatti

dimanche 2 juin 2019

Faja de las Florès depuis Gavarnie, a long, long day


Rando boulets hier à Gavarnie ou les joies des réseaux sociaux...
Tout commence par une rencontre jeudi en haut du glacier d'Ossoue . Alors que nous cramponnons, Quentin et moi , pour gravir la pente finale assez raide nous séparant du point culminant des Pyrénées françaises, mon partenaire reconnaît un randonneur. Ce dernier, M., fait parti de mes contacts face de bouc , et si je l'ai ajouté ça n'est pas pour rien car comme moi il réalise de grosses sorties à la journée comme l'Aneto depuis l'Hospice de France ou le Tuc de Molières plus récemment.
Alors qu'il renonce à la montée finale je lui propose de l'accompagner lors de sa prochaine sortie programmée samedi, à la Faja de las Florès.
Le rendez-vous est dons pris ce samedi matin à 7h15 à Luz . Je rencontre un espagnol de 34ans très sympa, A. Au col des Tentes nous retrouvons le 4ème , S.
Nous partons donc à 4 direction la brèche de Roland. Dès les premières neiges, alors que je discute devant avec S., ce dernier me prévient : « M , il n'aime pas les névés »... Soit mais intérieurement je me dis que vues les pentes que nous allons rencontrer aujourd'hui et au regard de la neige molle, dans tous les cas , surtout en crampons, ça passera même pour quelqu'un qui a une appréhension...
A la cascade premier couac après l'avoir attendu quelques minutes déjà... Sur une neige certes dure mais pas béton, il bloque. Je descends, le rassure en lui disant que c'est justement une neige à crampons, et finit par passer.
Au col alors que la neige est déjà ramollie et le refuge à 100m par une traversée facile à flanc, il contourne ce dernier en descendant vers l'échelle des Sarradets avant de remonter vers la pente surplombant ce dernier. Moi j'attends déjà depuis sans doute plus de 20mns quand on m'explique ce qu'il se passe. Je monte alors vers la brèche car je commence à comprendre . A la brèche , avec S. une discussion s'établit. Il est 11h, ça fait 3h qu'on est partis et il n'est toujours pas là, alors que des marcheurs « classiques » y montent en 2h sans courir.
J'explique à S. qu'à ce rythme on finira avec la nuit et lui tranquille de me répondre : «  ça ne nous dérange pas on a les frontales , on a l'habitude. M. ne t'a pas expliqué les règles ?»... Là je crois être dans un rêve ou plutot dans un cauchemar. En 15 ans de montagne même sur des sorties à 4500m de dénivelée ou quand avec Jean-Michel ou Lionel on réalisait des enchainements de plusieurs arêtes ou de longues faces en grimpe ( à 18h à la voiture pour 6 sommets) je n'ai jamais fini avec la nuit . JAMAIS... et là sur une sortie de 1300m de dénivelée je dois prévoir la frontale...
Mais sur qui je suis tombé ?.... J'essaye d'expliquer à S., 50 ans , que la gestion du temps c'est aussi une question de sécurité et que passer la nuit à 2800m ça peut être problématique. De plus, de mon coté , même si ça n'est pas leur cas, j'ai une compagne , et que cette dernière attaque le taf à 6h  le lendemain matin. Autant dire que je n'ai pas envie de rentrer à 23h....
Intérieurement je bous. Quand M. arrive à 11h passés , j'essaye de les résonner. A ce train là si personne ne se remet en question on y est encore demain et ça n'est pas mon souhait.
Mais la décision est prise de continuer malgré la neige coté espagnol, direction la Faja.
Après 2h d'approche et alors que M. semble mieux on retrouve le départ de la vire. Il est 13h. Au bout de 100m de marche certes expo mais sur du plat, et alors que c'est lui l'organisateur de la sortie, M. a le vertige et doit être raccompagné à l'entrée de la vire. Je suis blasé. Le type organise une sortie et n'est pas foutu de passer...
Avec A ; l'espagnol, alors que S. est allé raccompagner M. on prend de l'avance, rejoints par un autre espagnol. On fera les 5kms de la Faja à un rythme tranquille sans se soucier du vide à notre gauche.
Vers 15h on mange avec S. qui s'explosera la tête sur un rocher quelques minutes après... Moi devant je fais la trace. Je n'ai plus qu'une envie c'est rentrer et retrouver Gaëlle et vue la bande c'est pas gagné. Je retrouve l'itinéraire de montée classique à la brèche où je retrouve M. Il prend de l'avance en vue de la suite. A la brèche j'attendrai encore 25 bonnes minutes A. et S. et idem à la descente vers le refuge. Là pas de M., il a encore contourné le refuge... et encore 25mns à attendre au col. Vers 18h on décolle à 4 mais le rythme n'est guère plus élevé. Je pars devant sans trop me souci des 3  types derrière et en faisant une sieste au Port Boucharo de 20mns moi qui n'est dormi que 3h la nuit précédente et mangé un petit bout de pain sur toute la rando. Finalement vers 19h15 on est à la voiture... Mais QUE CE FUT LONG POUR MOI.
Sur le retour ils trouveront encore le temps de s'arrêter faire des courses à Gèdre alors que je suis dans la voiture, avant de me déposer à Luz.... histoire que ça finisse en beauté.


Au final je retrouve ma mie à 21h15 elle qui exceptionnellement finissait sa tournée à 19h …
Ça m'apprendra. En montagne comme ailleurs il faut se méfier des contrefaçons et des FAKENEWS....
































Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire