Journal intime d'un pyrénéiste

Journal intime d'un pyrénéiste
"l'aventure est un engagement de l'être tout entier et sait aller chercher dans les profondeurs ce qui est resté de meilleur et d'humain en nous...." Walter Bonatti

samedi 2 septembre 2017

GR20, le 25 Aout, Ortu / Tighjettu par le Monte Cinto

25/8
Ortu / Tighjettu

D+ : 3100m
D- : 2600m
Monte Cinto 2706m


Ce matin le réveil a sonné tôt, à 4h45 , car la journée, on le sait d'avance, sera longue et éprouvante . Marc voulait doubler aujourd'hui pour suivre le topo du site internet mais je sais que si c'est la cas, la journée suivante sera impossible à tenir en triplant et en finissant à Manganu par une étape de 24kms .

Dans ma tête, profitant de la fraîcheur des jambes et de l'envie, j'ai décidé de tripler aujourd'hui pour garder l'étape d'avance qu'on a. Mais si on rajoute le Cinto qu'on a en point de mire, ça va être long et physique...
Départ tot à 5h30 donc direction le refuge de Carrozzu. La montagne devient peu à peu, « haute » , et l'on croise déjà, dans ce dédale de roches, nos premiers mouflons. Une belle surprise. La roche laisse ensuite place aux éboulis puis à la forêt jusqu'au refuge rejoint en un peu plus de 3h. On croise un jeune qui finit le GR20 en 6j et après avoir bu et mangé un peu on enchaine jusqu'à Asco et sa station de ski.
Après avoir passé une passerelle on remonte sur des roches travaillées par l'eau. On croise beaucoup de monde dans cette étape et là aussi une règle s'établit. En partant tôt, on ne croisera presque personne sur la première étape. La seconde par contre sera à partir de 10h ponctuée de nombreuses rencontres, et la dernière, plus solitaire car en général les gens arrivent au refuge en début d'après-midi.

Après un col puis un lac, montée sèche dans des éboulis puis via une crête, à la bocca di Satgnu, point culminant de l'étape. De là on aperçoit la station d'Asco et la descente en suivante est plutôt longue et technique . A midi on mange au refuge pour recouvrir nos forces.. Il est tôt , à peine 11h50 quand on y est mais le dernière étape du jour sera la plus éprouvante et je sais qu'on a besoin de forces....
13h on repart dans la pinède plus motivés que jamais car aujourd'hui on le sait , on va atteindre le point culminant de la Corse, le Monte Cinto et ses 2706m dont Domi, un pote m'a si souvent parlé, lui qui l'a aussi gravi.

En sortant de la pinède on attaque le gros morceau. Du rocher raide avec des passages là encore équipés, puis cette interminable et épuisante montée  à la pointe des éboulis. Marc en début d'aprem est passé devant en imprimant un rythme de fou autour de 15m-16m/mn. Moi je me suis alors contenté de suivre , parfois de loin, le rattrapant au train. Là bizarrement il est beaucoup moins rapide et je prends le relais. Ce sont des éboulis fins et infâmes qui épuisent et chaque pas est une épreuve surtout avec plus de 2500m de dénivelée dans les jambes. La fin à la pointe de éboulis se fait sur du rocher plus sain mais demande là encore de l'attention. Il est 15h30 et on est enfin au col avec le Cinto en ligne de mire...
On laisse nos sacs sur le sentier et on attaque en mode rapide cette montée vers le point culminant de la Corse...
Motivés on remarque des gens sur une pointe non loin du col et on y file.. Pas de chance c'est un autre sommet et en haut on remarque que le Cinto est bien plus loin et qu'il ne se laissera pas atteindre si facilement...
Il va falloir descendre puis remonter, encore, et par des passages techniques, pour enfin rejoindre le sommet à 16h20... Ouf mais que ce fut dur depuis ce matin.. Des chocars peu sauvages attendent là notre arrivée où nous sommes seuls, vue l'heure déjà tardive. Quelques photos et pas mal d 'émotion. On est déjàà presque 3100m de dénivelée positif et en terrain difficile ce qui représente déjà une belle bavante...
Retour au col en suivant puis à une autre bocca, la bocca Crucceta avant l'interminable descente du Tighjjetu où l'on arrive vers 19h...
13h30 de marche, 3100m de positif dans les cannes et pour la première fois une étape triplée qui restera dans les jambes... Quelle journée de fou...


On dormira peu la nuit après avoir fini mes rations de pâtes lyophilisées et le lendemain le départ se fera un peu plus tard que prévu, sur les coups de 6h...






















































































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